Alerte de niveau 10 ! Activation de la cellule de crise ! A deux ans, huit mois et des poussières, monsieur mon fils a décrété qu’il n’aime pas le rose. J’entends déjà les cyniques se demander quel est le problème ce coup-ci? Alors entendons-nous ! Ok, ce n’est pas la cata du siècle. Sauf que vérification faite et refaite auprès de l’intéressé, mon petit bonhomme a déjà imprimé à mon insu, que le rose est la couleur des filles. Non mais voyez-vous ça ! Reste à savoir comment ce programme délirant a été configuré dans son cerveau… Parce que bordel, ça veut dire quoi !? On ne peut plus aimer le rose et être un mec? C’est encore ça l’époque qu’on vit? Parce qu’à suivre les “normes” en vigueur comme un toutou bien dressé, c’est un coup à se retrouver à l’âge adulte, engoncé dans un costume gris dans la peau d’un mec en toc.
Mon ordre de mission était pourtant simple : laisser mon fils devenir l’homme qui lui va. Pour commencer, s’il veut pousser la poussette rose de sa petite cousine et jouer à la poupée avec elle, grand bien lui fasse ! Seulement voilà, mon plan à peine déroulé, premier accroc ! Remarquez, dans un monde où “les trois-quarts des hommes se cachent pour pleurer alors que 71% des femmes trouvent émouvant un homme qui pleure”, y’a forcément un truc qui cloche.
Et visiblement, ça commence dès la crèche. Pour mardi gras, la petite fille se déguise en princesse rose, alors que le petit garçon se voit forcément en super héros bleu. Quant au personnel qui encadre tout ce petit monde, il est exclusivement féminin. A croire que l’homme qui exerce le métier d’assistant(e) maternel(le) est génétiquement modifié. Bref, ce n’est pas à la crèche que mon fils pourra se faire une idée de la possibilité d’être un homme tout en portant du rose. Il n’y a plus que “nos rugby-men” pour ça !
Finalement, les femmes ont évolué. Le temps où on leur imposait des stéréotypes sociaux est révolu. Aujourd’hui, elles peuvent porter jupe, robe, short, pantalon, cheveux courts, cheveux longs… Les hommes, eux, ont peu de choix. Moralité, faut pas cesser de prendre soin des filles, mais faudrait pas oublier les garçons. Car le sexe fort a, lui aussi, ses faiblesses.
Les stats parlent d’elles-mêmes : il naît plus de garçons que de filles, pourtant les filles sont plus nombreuses ; cherchez l’erreur ! C’est que le sexe fort tient moins bien la distance. Il meurt plus tôt. Donc pas folle, Dame Nature compense. Et c’est pas fini… Les prémas, les césariennes concernent davantage les garçons que les filles. Si bien qu’à la naissance, comparé aux filles, le présumé sexe fort a déjà cinq semaines de retard dans son développement…. Et c’est pas fini… deux élèves sur trois en échec scolaire sont des garçons… Et pour boucler la boucle, il semblerait que la disparition de la gente masculine dans les métiers de l’éducation nationale est proportionnelle au taux d’échec scolaire des garçons.
Astrologiquement –oui, j’en vois qui avait oublié qu’on parle d’astro ici-, donc astrologiquement, entre 1984 et 1998, Neptune la plus subtilement sensible des planètes a parcouru le Capricorne, le signe du “père”, mais aussi, le signe le plus rigide du zodiaque. Le temps était donc venu de concrétiser une nouvelle image collective de la virilité et surtout de la paternité. Il était demandé aux hommes, et notamment aux pères de gagner en sensibilité. Les femmes ayant réveillé la part masculine qui sommeillait en elles, ces messieurs étaient contraints de réveiller “la femme” qui est en eux. Et n’en déplaise à monsieur Zemmour, depuis le père des années 50 relégué dans son rôle de soutien de famille macho, on en a fait du chemin. Mais bon, y’a encore du boulot ! Ce serait dommage d’en rester là. Alors messieurs, par pitié, redevenez prof, nounou, sage-femme… osez le rose si ça vous chante, portez les cheveux longs si ça vous plaît. Allez, chiche que vous pouvez changer une couche sans vomir et même verser une petite larme devant un navet sans rougir !!!!
Si ça peut vous encourager, toutes les femmes ne rêvent pas de croiser la caricature vivante de la virilité en surdose de testostérone. L’haltérophile qui ratatine le premier importun, y’en a sûrement que ça intéresse mais le maladivement timide virtuose de la tendresse, l’Apollon formaté pour une pub d’Hugo Boss, le mec méga laid vibrant d’une intensité envoûtante, l’intello au front dégarni…sont plus virils que n’importe quel gros dur tatoué aux yeux de plus d’une femme….
À bon entendeur !!!
Annick Ajolet
Astrologue Artisan